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Ramassage des algues

Informations scientifiques sur les stratégies et outils de ramassage

Pourquoi ramasser les algues vertes ?

Le ramassage des algues vertes échouées est une nécessité depuis de nombreuses années pour limiter les nuisances olfactives et visuelles qu’elles occasionnent au niveau des plages les plus fréquentées (è fiche marée verte en chiffres) Cette nécessité a été renforcée depuis que les risques sanitaires liés aux gaz de décomposition des algues ont été nettement établis (è fiche sanitaire).

Quels sont les types d’intervention possibles ainsi que leurs contraintes ?

Trois types de besoins de ramassage sont présentés ci-dessous, avec les contraintes d’intervention et besoins d’évolution techniques qui leurs correspondent, notamment dans le domaine du ramassage dans l’eau qui a nécessité le développement d’équipements spécifiques.

  • Entretien de la « propreté » des plages et des accès les plus fréquentés. Les algues ramassées sont des algues vertes échouées en cordons de haut de plage, Elles peuvent être plus ou moins mélangées à d’autres espèces d’algues et à du sable. La fréquence d’intervention est régulière, plus ou moins indépendante des quantités d’algues échouées.

Les problèmes à résoudre avec ce type d’intervention concernent généralement l’efficacité de l’opération de ramassage, dont on attend qu’elle laisse derrière elle une plage « propre», mais aussi sa sélectivité par rapport au risque d’enlever au passage des laisses de mer naturelles, trop de sable ou des galets. L’amélioration de sélectivité de ce type de ramassage passera par une meilleure formation des opérateurs locaux, par l’utilisation aussi de ratisseuses performantes, disponibles sur le marché, au détriment d’engins peu sélectifs couramment employés (tels que le goémonier). Le ramassage sur galets nécessiterait des adaptations techniques spécifiques, ne serait ce que pour préserver les outils.

 

  • Intervention sur des pointes d’échouages pouvant dépasser 1000 tonnes dans un seul site, se déposant à l’échelle de la marée dans les parties hautes des plages. Ces échouages sont épais, colmatent le sédiment sur de grandes surfaces, entrent rapidement en putréfaction avec une capacité de polluer l’air sur de grandes distances et d’engendrer des risques au moins de proximité pour la santé humaine.

L’enlèvement de ce type de dépôt massif nécessite la mise en œuvre de moyens plus importants, sur des secteurs qui peuvent être beaucoup plus larges que ceux bénéficiant d’un nettoyage d’entretien. Les chantiers doivent utiliser des engins lourds (chargeurs, tractopelles) qui, par ailleurs, peuvent représenter une gêne sinon un danger à gérer vis à vis des utilisateurs de la plage. De tels engins ont un rendement naturellement élevé sur de grosses accumulations en andains drainées, mais leur fonctionnement, peu sélectif, incorpore inévitablement des quantités plus ou moins importantes de sable dans les ramassages. Les échouages massifs de haut de plage peuvent déjà en contenir eux-mêmes beaucoup au moment de leur dépôt, mais des améliorations techniques ou d’autres stratégie d’intervention sont actuellement recherchées pour ne pas enlever de sable supplémentaire (baisser par exemple les objectifs d’efficacité du ramassage en laissant au sol les strates inférieures d’andain). De meilleurs rendements et une meilleure sélectivité du ramassage pourraient aussi sans doute être obtenus avec la mise au point d’outils de ramassage plus spécifique, incluant notamment des équipements capables de collecter les dépôts humides épais situés en arrière des gros andains d’échouage qui sont actuellement les seuls accessible aux moyens classiques.

  • Interventions de type « préventif » qui n’ont, jusqu’à présent, fait l’objet que d’expérimentations limitées mais sont prévues dans le plan Algues Vertes

Le principe du ramassage préventif repose sur l’hypothèse qu’un déstockage des algues vertes en dehors de leur saison de croissance (d’octobre à mars) pourrait, au moins dans certains sites, réduire l’importance de la marée verte de l’année suivante (retard d’apparition, écrêtage du pic printanier de biomasse). Cette hypothèse est soutenue par une corrélation mise en évidence entre couverture algale en fin de saison et importance du pic printanier de marée verte (è fiche mécanisme et origine des marées vertes). L’action est ciblée sur le résiduel automnal du site et plus particulièrement au niveau de son rideau de bas de plage. L’action peut être complétée par le ramassage de pointes éventuelles de débarquements de stocks hivernaux infralittoraux.

Le principe d’intervention préventive pour éviter le phénomène d’échouage peut aussi être envisagé pour des opérations de ramassage massif en période franche de marée verte, dans un simple but de déstockage partiel ou global d’un site et de limitation de la pression d’échouage en haut de plage. Ce haut de plage présente les risques sanitaires les plus élevés et peut se retrouver dans des secteurs inaccessibles aux engins de ramassage, alors qu’ils peuvent l’être au public.

Dans l’état actuel des connaissances, le phénomène d’échouage résulte de la conjonction d’un trop plein d’algues du site et de conditions météorologiques et courantologiques de marées conduisant à un délestage de biomasse en haut de plage. Il y a donc nécessité de s’attaquer au stock total pour baisser cette pression d’échouage, c’est-à-dire d’agir, non seulement au niveau des fortes accumulations de haut de plage éventuellement présentes et accessibles aux chantiers classiques, mais aussi le rideau d’ulves de bas de plage concentré sous faible profondeur. On à récemment montré que ce rideau constituait un gisement important et permanent pour une récolte des algues, mais à condition de pouvoir intervenir avec des engins de conception nouvelle.

Concernant la possibilité de chaluter des algues dans le domaine infralittoral, il reste encore à cette filière technique de ramassage de gros obstacles techniques, économiques et environnementaux à surmonter pour prouver son opérationnalité, avec un verrou technologique principal se situant au niveau du système de filtration de matières très colmatantes que constituent les ulves, et la nécessité de préserver les fonds. Cette technique serait applicable dans quelques sites (que l’on pourrait sélectionner par leur petite taille et leur forte proportion de biomasse en domaine infralittoral) ou en appui d’opérations de déstockage de sites mettant en œuvre toute sorte de technique disponible pendant un temps court.

Comme dans la situation d’intervention sur échouages massifs, il y a, dans une situation de déstockage préventif, toujours obligation de concentrer des moyens à fort rendement de récolte sur des périodes d’interventions les plus courtes possibles, pour lutter contre la croissance des algues et la vitesse naturelle de reconstitution des stocks. De ce fait, les volumes à sortir de la plage par ces chantiers « hauts débits » risquent d’être très importants (de l’ordre de ceux occasionnés par des échouages de pointe) et nécessiteraient aussi de prélever le moins de sable possible.

La possibilité d’intervention dans le rideau de bas de plage est particulièrement intéressante du fait que les quantités présentes et accessibles dans ce rideau de bas de plage représentent à tout moment une part importante de la biomasse totale, et même le lieu unique de leur présence en début de marée verte, considérée à l’échelle annuelle comme à celle de leur apparition historique dans les sites. Les rendements possibles de récolte y semblent aussi importants d’après de premiers résultats expérimentaux. Enfin, un ramassage ciblé au niveau du rideau de bas de plage parait obligatoire pour respecter la contrainte environnementale de préservation des plages vis-à-vis de l’enlèvement du sable.

Chantier de ramassage en baie de Lannion– juin 2010

 

 

 

 

 

Chantier de ramassage en baie de Lannion– juin 2010

 

 

 

 

 

 Chantier de ramassage en baie de St Brieuc – juillet 2008

 

 

 

 

 

 Chantier de ramassage en baie de la Fresnaye– mai 2009